« Car enfin, bien au-delà du Mediator, l’AFSSAPS a échoué partout. »
« la totale faillite de l’AFSSAPS, dont l’impéritie n’a eu d’égale que celle de l’EMA il est vrai plus éloignée du terrain. Faillite, le mot n’est pas trop fort, et faillite exemplaire, »
« l’AFSSAPS, en décrivant un monde clos, fermé sur lui-même, sans contact avec les instances professionnelles et universitaires médicales et pharmaceutiques et avec les praticiens, les pharmaciens d’officine et les patients, en insistant aussi sur la trop fréquente dépendance et sur le manque de qualification scientifique et clinique de beaucoup de ses trop nombreux (3.500, selon L. Banaiche) « experts » internes et externes, ainsi que sur leur mode de sélection, ce qui pose la question-clé de la définition de ce que doit ou devrait être un expert, avec l’idée qu’il vaut mieux peu d’experts indépendants, compétents, décisionnels et responsables, qu’une armée des ombres d’experts qui n’en sont pas et ne prennent de décisions que collectives, anonymes, peu motivées, mal diffusées et parfois sous influence. »
l’agence du médicament nous prend pour des demeurés
Toute l’histoire de nos autorités sanitaires n’est pas en mesure de nous rassurer ni de crédibiliser leurs dires; leur servilité envers les laboratoires est connue, et ce sont ces derniers qui fournissent une grande partie du budget des agences du médicament nationales et de celle européenne, à travers les taxes payées lors de l’autorisation de nouveaux médicaments (AMM).
Ce qui explique aussi pourquoi ces agences homologuent à tout va des centaines de médicaments qui n’apportent rien ou presque, ne sont que des copies à peine modifiées d’anciennes molécules (médicaments « me too ») ou alors sont mal évalués quant à la balance bénéfices-risques. Pharmacritique en a parlé surtout dans
cette note très détaillée critiquant les procédures d’AMM de l’AFSSAPS).
N'inventant plus de médicaments, l'industrie invente des maladies qui n'existent pas: préhypertension, préostéoporose, prédiabète, cholestérol, dépression courante et vingt autres, médicalisant toutes les tensions et ennuis normaux de la vie sociale, professionnelle ou émotionnelle. Cet immense bourrage de crâne, elle ne peut y parvenir qu'avec la complicité active, intéressée et lourdement rémunérée d'experts universitaires corrompus, devenus ses porte-voix
une autorité de régulation des produits médicaux, honnête quant aux risques des médicaments,
à leur efficacité, et aux alternatives, n’aurait probablement jamais mis la plupart des médicaments psychotropes sur le marché. .
La commission d’autorisation de mise sur le marché, (AMM), organe de l’Afssaps, est chargée de proposer au directeur de l’Afssaps qu’un médicament soit autorisé, ou bien qu’il soit retiré du marché en cas d’alerte.
Mediapart a enquêté sur les membres de la commission actuelle, qui a été renouvelée en partie en 2010. Verdict : sur 30 membres, 28 sont liés à des labos, alors qu’ils sont censés juger les médicaments en toute impartialité.
« Comment dans ces conditions, s’étonne le Sénat, ne pas redouter que les agences ne soient devenues au fil des années les instruments dociles de ceux qui fournissent la majorité de leurs subsides … ? »
Sur les 429 membres inscrits en 1999 aux différentes commissions d’experts de l’Afssaps, 334 déclaraient entretenir un lien direct ou indirect avec un laboratoire
AVANDIA® : 83.000 accidents cardiaques aux USA, une agence du médicament en coma dépassé, un plan orchestré pour intimider un expert récalcitrant, des médecins sous influence du marketing…bienvenue dans le monde de BIG PHARMA
la décision se prend sur la base d’un dossier préparé par l’industriel
La France plus vigilante sur les plantes que sur le Vioxx
l’agence française de sécurité sanitaire (AFSSAPS), chargée de la pharmacovigilance et de l’information sur les risques des médicaments, n’a pas (encore?) jugé bon d’avertir les patients français et leurs médecins
Financée à environ 80% par l’industrie du médicament, elle fait appel à près de 2000 experts par an, la grande majorité travaillant pour les laboratoires privés.
Comparée à l’Afssaps, la FDA est un modèle de transparence et d’efficacité en pharmacovigilance comme en matière d’information du public et des médecins
ut le travail des autorités de pharmacovigilance (Afssaps, HAS en France, EMEA en Europe) privilégie les intérêts des firmes pharmaceutiques
C’est une affirmation de l’igas. Sans mâcher ses mots, il dépeint la faillite d’un système. Celui qui consiste normalement à autoriser et rembourser des médicaments utiles et pas dangereux, à surveiller ses effets secondaires et à les retirer si besoin.
les firmes cachent les résultats négatifs des études et essais cliniques
– c’est l’un des multiples
moyens de désinformation dont ils se servent
Non seulement tout cela n’est pas nouveau, mais les pouvoirs publics étaient alertés depuis longtemps. Pas plus tard qu’en 2007, l’IGAS avait déjà pondu un rapport complet, rapport déjà accablant pour l’AFFSAPS. Les mêmes collusions y étaient décrites. Petit rappel des faits : le 8 juin 2006, un rapport est remis au sénat par Marie-Thérèse Hermange et Anne-Marie Payet, au nom de la commission des affaires sociales (
disponible ici). Ce rapport traite des conditions de mise sur le marché et de suivi des médicaments. Il affiche un objectif :
restaurer la confiance. Ce rapport met déjà en lumière les lacunes de l’AFFSAPS et des agences dans la politique de mise sur le marché du médicament. Il dévoile le problème du financement de l’AFFSAPS par l’industrie pharmaceutique
L’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) est cet organisme qui est habilité à autoriser la mise sur le marché d’un médicament. Son rôle affiché est un rôle de vigilance et de protection du consommateur.
Sauf que…
Dans un rapport gardé secret pendant un certain temps, des inspecteurs de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) ont dévoilé des choses qui laissent à réfléchir. Ce rapport, remis au Ministre de la Santé en Août 2007, commençait ainsi son article 2.4.3 sur la place excessive de l’industrie pharmaceutique dans le système de santé :
"Ces tentatives réitérées d’accéder directement au public et au patient sont problématiques quand on considère l’emprise de l’industrie pharmaceutique sur quasiment l’ensemble des secteurs du système de santé. Cette emprise, en France comme dans d’autres pays paraît d’autant plus excessive qu’elle n’est pas manifeste."
Puis il évoque le fait que les industries pharmaceutiques assurent majoritairement le financement de l’AFSSAPS. Effectivement d’autres documents nous apprendront que l’AFSSAPS est financée à plus de 80% par les laboratoires pharmaceutiques.
Le rapport évoque aussi d’autres dangers de l’intrusion de l’industrie pharmaceutique dans le pays :
"L’industrie pharmaceutique intervient également dans le financement d’associations de malades, au point , parfois, de les créer de toutes pièces. Certaines associations soutenues se voient positionnées comme interlocutrices privilégiées par les institutions internationales, notamment par la Commission européenne ;
Les entreprises ne sont pas absentes de la formation initiale des médecins ;
elles contribuent très largement au financement de leur formation continue ;
Elles s’immiscent dans celui de l’évaluation des pratiques professionnelles ;
Elles assurent de façon sinon quasi-monopolistique du moins très excessive l’information des professionnels de santé ;
Elles participent à l’information des patients, en étant parfois à l’origine de campagnes de sensibilisation précoces au caractère parfois trompeur ;
Elles contribuent au financement de campagne d’éducation pour la santé ;
Elles participent, largement, à la définition de nouveaux périmètres de définition de maladies, de critères permettant d’évaluer les thérapeutiques nouvelles ;
Elles interviennent pour abaisser les seuils de facteurs de risque ;
Contribuant ainsi, pour certains, à une « médicalisation » excessive de la société ;
Dans certains cas même, elles induisent la création de nouvelles pathologies. Au point que ces interventions ont été à l’origine d’une expression nouvelle pour les caractériser aux Etats-Unis : le façonnage de nouvelles maladies (disease mongering)."
Dans un autre rapport de l’IGAS de septembre 2007 (Rapport RM 2007-136P), d’autres inspecteurs avaient rappelé « On consomme, en France, plus de médicaments que dans n’importe quel pays au monde. »
Ils avaient étudié les dangers de la promotion et du marketing des laboratoires pharmaceutiques qu’ils avaient comparés à « une course à l’armement ». Ils avaient évalué le chiffre d’affaires de ces laboratoires en France à 22 milliards d’euros en 2004, dont 4 milliards étaient réinvestis dans les actions promotionnelles pour les médicaments.
La majorité de ces 4 milliards étaient utilisées pour les visites médicales promotionnelles (chaque médecin reçoit en moyenne 330 visites des labos par an). Les « visiteurs médicaux » sont directement sous les ordres du directeur des ventes, et sont intéressés par des primes aux prescriptions ultérieures des médecins visités. Le rapport dit : « les laboratoires tendent à affiner les systèmes de ciblage pour optimiser l’efficience de la visite sur les prescriptions ». Toute la rentabilité est contrôlée médecin par médecin par des systèmes de veille très performants. Le but : vendre, vendre, vendre !
En addition au financement de l’AFSSAPS par les labos, les méthodes d’obtention d’autorisation de mises sur le marché sont bien souvent amalgamées avec des techniques promotionnelles douteuses impliquant des grands noms pour donner une connotation scientifique aux produits . Le professeur Edouard Zarifan, dans un rapport commandé en 1996 par le gouvernement sur les prescriptions de psychotropes en France, citait déjà à l’époque une étude de l’OMS : « D’après certaines études, il est fréquent que des médecins de renom aient des liens avec l’industrie pharmaceutique et y occupent des fonctions, par exemple en siégeant au conseil d’administration ou dans un conseil scientifique. Ces mêmes médecins exercent des fonctions de recherche et d’enseignement, participent à la rédaction de revues médicales, siègent dans des comités médicaux et dans les organismes chargés du remboursement des dépenses de santé et sont ainsi à même d’influer sur la politique de santé et la politique du médicament de leur pays. »
Il avait lui aussi mis le doigt sur le financement de l’AFSSAPS par les laboratoires pharmaceutiques, ce qui leur enlevait toute crédibilité alors qu’ils avaient le pouvoir absolu de vie et de mort sur nos concitoyens, grâce aux médicaments.
Les rapports récents de l’IGAS montrent que la scène française ne s’est pas améliorée.
Le premier rapport que j’ai cité étudiait le problème des « programmes patients ». Il s’agit de programmes de suivis de patients sous traitements médicamenteux par les labos eux-mêmes. Le rapport dénonce les risques avérés de volonté commerciale et de « fidélisation » des malades à des produits donnés. De plus, qui donne l’accord pour de tels programmes ? L’AFSSAPS, à son bon gré, ou au bon gré de ses commanditaires.
Lorsque le gouvernement avait voulu légiférer sur ces « programmes patients », il s’était heurté à de tels problèmes qu’il avait dû faire marche arrière. Et un sénateur avait déclaré qu’il se chargeait de proposer une loi. Qui est-il ? Nicolas About, co-président de l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé (OPEPS) ami des grands laboratoires pharmaceutiques : directeur des relations médicales au laboratoires Servier de 1981 à 1985. Puis responsable de communication médicale chez le groupe Sanofi à partir de 1988… Pas de quoi espérer en terme d’indépendance, d’autant que Nicolas About est un idéaliste du contrôle des populations par les molécules ou les puces électroniques. Il déclarait le 6 mars 2009 devant le Sénat : « Il nous faut réfléchir aux parcours, à la prise en charge, à l’encadrement, aux soins pour protéger l’individu mais évidemment aussi la société, comme l’a dit M. Fauchon. Les neurosciences font des progrès fulgurants, elles vont démontrer les limites du discernement et de la liberté de décision, elles sont en train de rapprocher la psychiatrie et la neurologie trop longtemps séparées. Les cinquante prochaines années seront fabuleuses dans ce domaine. Il suffit de placer une électrode à tel endroit du cerveau pour provoquer une dépression brutale et de la déplacer légèrement pour que la vie redevienne belle… Le cerveau humain est si fragile… »
Le projet de loi n’est jamais revenu sur le tapis, on comprend pourquoi.
Il est certain qu’une manne de 24 milliards d’euros annuels va attirer autour d’elles de nombreux protagonistes. D’après ces différents rapports, il apparaît que des organismes comme l’AFSSAPS ne semblent absolument pas être une garantie de sécurité pour les consommateurs, et bien au contraire, ils semblent participer d’une logique commerciale qui ne peut que nuire à la santé des français, sauf peut-être pour les quelques français qui s’enrichissent avec les labos. Une minorité tout de même !